Suite au début des opérations militaires en Italie Continentale, la Famille Royale et les dirigeants politiques opèrent dans le plus grand secret un "repli stratégique" et fuient ROME pour BRINDISI où il n'y a ni soldats allemands ni soldats alliés, dans la foulée ils annoncent l'armistice avec les forces alliées. S'en suit une "période de flottement" où les soldats italiens sont livrés à eux-mêmes et selon la tendance politique de leurs chefs se retrouvent à se battre aux côtés des Allemands ou contre les Allemands qui évidemment n'ont pas attendu pour prendre le contrôle de pratiquement toute l'Italie. C'est ici que prend place cette scénette : une Camionetta Desertica M°43 modificata en défense du complexe militaire de Cecchignola à Rome a été interceptée par des paras de la 2. Fallschirmjäger-Division.
Quid de cette Camionetta Desertica M°43 modificata (aussi parfois appelée Camionetta Armata A.S. 37 modificata) ?
Victime des raids du L.R.D.G. et des S.A.S. en Afrique du Nord, l'Armée Italienne dut trouver une parade à 2 étages : un véhicule lourd, puissamment armé et doté d'une large autonomie pour les raids en profondeur (ce fut la Camionetta SPA Viberti A.S. 42 dérivée de l'A.B. 41) et un véhicule léger, puissamment armé pour les patrouilles rapides sur route. Pour ce dernier les Italiens utilisèrent d'abord des véhicules de prise (Chevrolet et Ford canadiens ainsi que Morris) armés d'un canon de 20mm à tir rapide ou d'un obusier. Puis dans un souci de standardisation on se tourna vers une base nationale : le tracteur SPA T.L. 37 fut choisi et modifié mais toujours en improvisation locale jusqu'à ce que l'État-major demanda un véhicule au standard industriel qui sera l'A.S. 43 (les initiales A.S. dénomment un Autocarro Sahariano qui ne verra pas l'Afrique à cause de la défaite de mai 1943, suite à celà A.S. sera pour Autocarro Speciale).
En attendant sa sortie en nombre, le Centre d'Étude de la Motorisation entreprit début 1943 dans ses ateliers de Rome la modification de quelques A.S. 37 avec un affût "universel" pouvant recevoir indifféremment le canon mitrailleur Breda 20mm M°35 ou le canon de 47/32 M°35 ou 39. Ces voitures furent assignées en juin 1943 à la Compagnie Mixte Camionette du Bataillon d'Assaut Motorisé, une unité obscure à personnels italiens/tunisiens aussi appelée "Flèches Rouges" levée en Afrique du Nord, encore à l'instruction en Italie au moment de la perte des colonies nord-africaines et chargée à l'été 1943 des patrouilles côtières sur les rivages dépendant de Rome dont l'aéroport militaire de Pratica di Mare. Cette unité était dotée de 10 véhicules (ou cf. infra 15 ou même 18 véhicules selon d'autres sources mais l'articulation doit rester peu ou prou la même) : 2 "Comando" (avec radio + mitrailleuse Breda 8mm M°37) et 4 pelotons à 2 voitures (1 avec canon mitrailleur Breda 20mm M°35 + mitrailleuse Breda 8mm M°37 et 1 avec canon de 47/32 M°35 ou 39 + mitrailleuse Breda 8mm M°37), d'autres sources italiennes donnent 3 pelotons avec chacun 1 "Comando" et 2 voitures 20mm ainsi que 2 voitures 47mm. Les événements de septembre 1943 firent rapatrier cette unité sur Rome où elle fut chargée de protéger l'aéroport de Ciampino ainsi que le vaste complexe militaire de Cecchignola où nous la retrouvons.
Le kit : je cherchais cette réf. Italsedi IT 8000 sortie en 1991 sous l'appellation "Camionetta Desertica derivata SPA AS37" (kit repris au début des années 2000 par Historica réf. 1018) depuis plus de 20 ans (cf. mon post "150 Citroën Type 23") et finalement je l'ai trouvée en Italie. Dans une boîte en carton fort au boxart dessiné avec talent on trouve 6 sachets de pièces en résine malheureusement cassante mais correctement moulées avec des carrotes de moulage minimalistes ainsi qu'une carrosserie et un châssis en une seule pièce (aucune distorsion après plus de 30 ans de stockage), ajoutons 5 magnifiques pneus "Pirelli Sigello Verde" (bien que sans marquages) en caoutchouc et une notice de 7 pages entièrement dessinées et accompagnées de 5 pages de notes de montage en Italien/Anglais/Allemand/Français/Espagnol mais pas de décals. Les pièces sont fines bien que quelquefois empâtées, très détaillées avec néanmoins quelques bulles (pour les anciens, le master est signé Gambari et Reposi). À noter que la dénomination du véhicule sur la boîte est différente de l'officielle mais la documentation sur ce véhicule en 1991 était très légère et elle l'est toujours : une page dans le bouquin consacré au TL 37 ("Dal T.L. 37 all' A.S. 43" de Nicola PIGNATO et Filippo CAPPELLANO publié chez G.M.T. en 1997) et quelques passages dans le monumental "Gli autoveicoli da combattimento dell'Esercito Italiano" (vol 2) publié à Rome en 2002 par l'État-Major de l'Armée Italienne avec comme auteurs les mêmes Nicola PIGNATO et Filippo CAPPELLANO, ainsi que 4 photos officielles de la voiture "9" prises au Centre d'Étude de la Motorisation par l'agence "Luce" et une photo éloignée d'une voiture détruite à Rome en septembre 1943.
Pour le montage j'ai évidemment suivi la notice qui est raisonnablement détaillée. Néanmoins il y a sujet à améliorations : il manque les écrous "papillons" bloquant le lot de bord, les fermetures et les pattes de renfort des racks à jerrycans, les 2 blocages de la ridelle arrière, le renfort du seul marchepied arrière, la bâche sanglée au dessus de la roue de secours, les témoins de gabarit, les supports des MAB 38 de chaque côté de la banquette, le trépied de la Breda 8mm sur l'aile avant droite, une valve à chaque roue et le mécanisme de direction des roues avant (je pense que celui des roues arrières a été omis au vu des photos du proto essayé en Afrique du Nord et des modèles de série construits après septembre 1943). Dans le compartiment moteur que je souhaitais ouvert d'un côté (pour ce faire j'ai refait un demi-capot en tôle d'alu) : la batterie, une dynamo, le faisceau d'allumage, le filtre à essence, la liaison poulie/courroie avec le ventilo, la durite du haut moteur vers le radiateur et le raidisseur entre le tablier et le radiateur. Pour la partie armement il a fallu détailler l'optique du 20mm et ajouter quelques détails sur l'affût ainsi que 2 câbles, la 8mm a, quant à elle, été remplacée par un modèle Italeri plus basique mais mieux proportionné et elle aussi détaillée avec en particulier une grille de visée énorme ressemblant plus ou moins à la vraie et la barre de manœuvre incurvée (ces 2 éléments faisant partie des accessoires standard pour le tir antiaérien), à noter que les lames-chargeurs des 2 armes sont à présenter les munitions en dessous (particularité de ces armes : les étuis ne sont pas éjectés mais remis en place sur la lame-chargeur par l'arme puis la machine à recharger intégrée à la caisse de transport de munitions par un mouvement de va et vient éjecte l'étui de la lame et y introduit une nouvelle cartouche). Pour étoffer un peu la caisse arrière je me suis servi des munitions et caisses de 20mm Breda de la réf Resicast 35.2414. La déco est plus ou moins celle de la voiture "9" immortalisée par la Luce bien que je ne connaisse pas son rôle dans événements tragiques des 8 et 9 septembre 1943 : une peinture intégrale en Giallo Sabbia classique y compris les outils et les jerrycans qui présentent tous leur face "R.E." à l'œil ce qui peut compliquer la saisie de certains d'entre-eux, seule dérogation le canon de 20mm et ses accessoires sont restés en Grigio Verde.
Pour la planche : bloc de mousse extrudée, murs en vacu Miniart 35552 (à ce sujet, si vous aimez les vacus Miniart, pensez à engranger : le catalogue est drastiquement réduit), chaussée béton ou macadam (je n'ai pas pu trancher en voyant les photos de la Luce) en papier de verre, plaque d'égout italienne de l'artisan espagnol Macone Models et affiches de chez Garage Kit.
Les figurines proviennent de la boîte Italeri 305 pour les Italiens (le chauffeur passablement modifié) avec des têtes Hornet et j'ai utilisé la boîte Dragon 6195 complète pour les Fallschirmjäger avec quelques modifications pour avoir un armement diversifié et quelques changements de têtes pour avoir des casques d'apparence différente, j'y ai adjoint un container "Abwurfbehälter" en white metal de chez Peddinghaus (ne cherchez pas, il y a 40 ans que je l'ai) rudimentaire mais à détailler bien évidemment : poignées, fermetures, sangles, les marquages sont fictifs, je n'ai pas réussi à trouver les codes couleurs utilisés.
Mise en situation : en alerte le chef de voiture et le chauffeur partent chercher leur véhicule qui est toujours dans la configuration vue sur les photos de la Luce avec tous ses jerrycans en place (mais certainement vides car la situation des hydrocarbures en Italie est limite)...mais elle refuse de démarrer. Les Fallschirmjäger ont été plus rapides, le chauffeur est touché et le Sergente Maggiore tient à la vie.
Merci de m'avoir lu/vu et à la prochaine.
Amitiés maquettistes,
Patrice.
